Devenir une référence de la mode africaine à l’international et créer de l’emploi sur le continent, est le principal objectif de cette grande marque. Dans la zone économique spéciale de Kigali, située à 10 minutes de l’aéroport, ce sont quelque 4 500 ouvriers qui s’attèlent à la fabrication des vêtements de la marque panafricaine Asantii, « merci » en swahili.
Une nouveauté pour le Rwanda qui accueille, depuis juin 2019, sa toute première usine de confection textile, divisée en quatre unités de 8 000 m2. « Tous ces chiffres paraissent énormes, mais en Égypte les usines emploient 20 000 personnes ! » souligne la très ambitieuse Maryse Mbonyumutwa, 48 ans, tête pensante de ce projet financé, pour l’heure, sur fonds propres, en attendant des investisseurs.
Cette Rwandaise installée en Belgique depuis 1994, suite à la guerre, compte répliquer la structure en Tanzanie courant 2023 et inaugurer deux autres bases en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe, qui auront également chacune un atelier. Un vaste chantier et un pari fou pour celle qui dit vouloir avant tout développer l’industrie textile en Afrique pour réduire le taux de chômage de la jeunesse.
Des centaines de personnes se bousculent en effet chaque semaine au portillon pour répondre aux offres d’emploi proposées par l’usine. Seule condition pour l’intégrer, avoir 18 ans et être Rwandais. « Beaucoup de femmes et de filles-mères nous rejoignent », confie Maryse Mbonyumutwa, qui a créé le label RSE Pink Ubuntu, visant à améliorer les conditions de vie des employés.
L’usine offre plusieurs services, comme une crèche, une infirmerie et des repas. De quoi faire rêver. « Au lancement, on pouvait recevoir 60 personnes issues d’une même famille ou d’un même village. Aujourd’hui, on évite tout clientélisme. Notre système, qui rappelle les candidats par ordre d’arrivée, nous permet d’installer une culture de la méritocratie », s’enorgueillit la patronne.
Maryse Mbonyumutwa, le rêve africain
Cette ancienne employée dans la confection textile, avec plus de vingt ans d’expérience à son actif, a travaillé comme intermédiaire entre les grandes marques de distribution et les fabricants, notamment avec l’Asie. Un continent qui a su prouver la capacité génératrice d’emplois de l’industrie textile. C’est là tout l’enjeu d’Asantii, qui ne produit que deux collections par an. Et qui mise sur les matières et modes de fabrication durables.
Mais l’objectif reste de cibler l’international. « Nous souhaitons être présents partout, non pas en termes de volumes, mais en termes de visibilité », prévient Maryse Mbonyumutwa, qui reconnaît avoir longtemps fermé les yeux sur les pratiques mises en place par les grosses machines de la mode.
Installer un écosystème de la mode
Si la mode africaine a jusqu’à présent brillé grâce aux défilés et fashion weeks, ce n’est qu’un premier pas pour la Rwandaise, qui estime que le business ne suit pas. Modéliste, spécialiste en achat de matières, collection merchandising, marketing… autant de métiers intermédiaires qui font partie d’un écosystème de la mode qui n’existe pas en Afrique et qu’il faut créer.
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