La Centrafrique, pays parmi les plus pauvres et en guerre civile depuis neuf ans, a lancé officiellement dimanche le chantier de sa propre cryptomonnaie, le Sango, et du futur « premier crypto-hub africain » à « fiscalité nulle ». Deux mois après avoir fait de son pays le deuxième au monde après le Salvador à adopter le bitcoin comme monnaie officielle au côté du franc CFA et légaliser l’usage des cryptomonnaies, le président Faustin Archange Touadéra a fait cette annonce lors d’un « événement online » pour lancer un nouveau système numérique alimenté par la technologie Blockchain.
Aucun détail concret n’a été livré sur les modalités et le calendrier de la création de ce « Sango Coin » et d’une « Crypto Island », plateforme permettant cette devise virtuelle de devenir le catalyseur de la tokénisation des vastes ressources naturelles de la Centrafrique. Cette initiative Sango, du nom de la langue officielle au côté du français, survient en pleine crise des cryptomonnaies dans le monde, où le cours du bitcoin est en chute libre et où de nombreuses plateformes crypto risquent la faillite.
Regrettant que l’Afrique, où 57 % de la population n’est pas bancarisée, souffre d’un manque criant d’infrastructures rendant « quasi-inaccessible les services financiers à de nombreux habitants », M. Touadéra a asséné « avoir trouvé la solution »: « le smartphone », pour commercer et investir en cryptomonnaies.
« La Centrafrique est assise sur une montagne de richesses inexploitées », dont l’or, le diamant, les métaux rares, et « Sango Coin sera l’accès direct à nos ressources pour le monde entier » pour attirer les investisseurs et « faire démarrer les moteurs de l’économie », s’est enthousiasmé le chef de l’Etat.
Fin avril, l’adoption du bitcoin comme monnaie de référence avait suscité perplexité et réprobation de la part d’une communauté internationale reprochant déjà au pouvoir de M. Touadéra d’avoir livré son pays à la Russie et aux « mercenaires » de la sulfureuse Wagner, accusée de « piller » ses ressources en échange d’un soutien militaire contre les rebelles. La Centrafrique est ensanglantée depuis 2013 par une guerre civile très meurtrière, qui a cependant baissé d’intensité depuis 2018.
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