Fin juillet, Cotonou s’est enrichie de trois nouveaux monuments qui représentent, chacun, un symbole de l’histoire du Bénin. Ils font désormais la fierté des Béninois et suscite l’admiration dans les pays voisins. Ces trois nouveaux monuments mémoriels faisant référence à différents pans de l’Histoire constituent, en outre, de nouvelles attractions dans un pays qui mise sur le tourisme pour son développement.
Érigés dans le cadre du programme gouvernemental de valorisation du patrimoine historique et culturel, ils ont été inaugurés le 30 juillet en grande pompe par le président béninois, entourés du gratin politique et d’invités privilégiés. Chantre de la restauration de la mémoire historique du Bénin, Patrice Talon a saisi l’occasion pour préciser, à chaque étape, le message politique associé à chacune des œuvres.
Bio Guéra, le résistant Wassangari

Construite au milieu du rond-point de l’aéroport international de Cotonou, la statue de Bio Guéra accueille désormais le visiteur à sa descente d’avion au Bénin. L’ancienne représentation d’une femme versant de l’eau au sol et symbolisant l’hospitalité dans plusieurs régions du Bénin a donc laissé place à celle d’un homme en tenue de combat, arme au poing sur le dos d’un cheval cabré.
Le monument haut d’une dizaine de mètres est fait d’acier, de fonte et de cuivre. Il participe de la volonté du gouvernement « d’offrir aux visiteurs l’un des symboles les plus expressifs de l’identité historique de notre pays », a indiqué le ministre du Tourisme de la Culture et des Arts. En effet, né en 1856, Bio Guéra a été une figure de la résistance aux troupes coloniales françaises qui tentaient de soumettre les anciens royaumes du nord du Bénin actuel.
L’Amazone, ode la femme béninoise

Retenu depuis 2019 comme identité visuelle du Bénin dans le cadre du développement du tourisme, le symbole de l’Amazone prend forme en 2022. Celle-ci fend désormais le ciel de Cotonou du haut de ses 30 mètres, s’imposant ainsi au regard des Cotonois comme des visiteurs. La statue se veut le nouveau symbole des valeurs qui doivent inspirer les femmes et les hommes du Bénin : courage, bravoure et patriotisme.
Inspirée des Agodjié ou Minon, corps de femmes guerrières constitué par la reine Tassi Hangbè, unique souveraine du Danxomè entre 1708 et 1711, la statue de l’Amazone est une ode à la femme béninoise. Faite d’une structure métallique avec une enveloppe en bronze pesant 150 tonnes, elle est vite devenue le centre d’une grande attraction et fait déjà l’objet de plusieurs produits dérivés.
L’élévation de la statue de l’Amazone fait aussi écho aux réformes politiques et institutionnelles mises en œuvre ces dernières années au Bénin visant à valoriser et protéger la femme. Elles se sont illustrées par la création d’un Institut national de la femme, par la garantie de 24 sièges au parlement pour les femmes et le vote d’une loi réprimant les infractions commises à raison du sexe des personnes, entre autres.
L’obélisque aux dévoués

Dernière de la série, l’obélisque aux dévoués est tout aussi symbolique. D’abord il est érigé au cœur du jardin de Mathieu, nouvel espace vert aménagé dans le domaine de l’ancienne résidence du général Mathieu Kérékou, ancien président. Mais surtout, c’est désormais à son pied que les chefs d’État viendront déposer une gerbe en l’honneur des fils et filles du Bénin qui ont donné de leur vie pour la patrie. Et c’est Patrice Talon qui inauguré cette tradition, le 1er août 2022.
Depuis l’indépendance, les présidents béninois successifs ont toujours déposé une gerbe au pied d’un monument aux morts érigé à Xwlacodji, un quartier côtier de Cotonou. Mais cet édifice, construit avant 1903, l’a d’abord été à la mémoire des soldats français tombés lors de la campagne militaire contre le royaume du Dahomey.
D’immenses chantiers de développement touristique
Au-delà du symbole de la fierté nationale, la statue de Bio Guéra, l’Amazone et l’obélisque aux dévoués participent également à la réalisation de l’immense chantier de développement touristique du pays. Les autorités veulent faire du Bénin une destination phare de l’Afrique de l’Ouest et attirer trois millions de touristes d’ici à 2028. Les trois nouveaux monuments, érigés le long du boulevard de la Marina rénové, devraient y participer de façon conséquente.
C’est d’ailleurs l’argument qui ressort lorsque l’on évoque le coût de réalisation des monuments. L’exécutif ne donne aucune information sur le sujet. Pour le porte-parole du gouvernement, peu importe la facture, « le flux de touristes qui viendrait (…) ferait qu’on amortirait ce coût-là ». « Ce qui compte, c’est la présence de ces trois monuments, c’est ce qu’ils apportent désormais à notre pays », insiste Wilfried Léandre Houngbédji.

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