Quelques secondes qui coûtent très cher. Pour Ja Morant, la vidéo live partagée sur Instagram mi-mai a de lourdes conséquences. En voiture avec des amis, le basketteur s’était affiché l’espace d’un instant avec une arme à feu à la main.
Il s’agissait d’une faute en récidive. Déjà, au début du mois de mars, le joueur des Memphis Grizzlies s’était retrouvé au cœur d’une même controverse. Dans une boîte de nuit à Glendale, près de Denver et dans la foulée d’une rencontre perdue face aux Nuggets, Ja Morant, en état d’ébriété, avait brandi une arme à feu.
Pour ce premier dérapage, l’Américain avait écopé d’une suspension de huit matches. Telle était la décision de la NBA, qui voulait sanctionner un « comportement allant au détriment de la ligue ». « La conduite de Ja était irresponsable, imprudente et potentiellement très dangereuse », avait tonné Adam Silver, le patron de la NBA, qui dénonçait aussi un mauvais exemple pour la jeunesse.
« Je vous promets que je vais m’améliorer »
Autant dire que la nouvelle sortie de route de Morant n’est pas passée auprès de la puissante ligue : cette fois, le joueur de 23 ans est suspendu pour 25 matches. Cela signifie qu’il manquera près du tiers de la saison régulière 2023-2024 (82 matches au total).
Adam Silver se veut sévère. Dans un communiqué, le dirigeant déplore une nouvelle fois le « comportement irresponsable » de la star des Grizzlies. « Pour Ja, le basket-ball doit passer au second plan pour le moment », estime-t-il, et le basketteur devra, avant d’espérer revenir sur les parquets, « suivre des séances qui abordent directement les circonstances qui l’ont amené à répéter ce comportement destructeur ».
Le meneur ne sera pas payé pendant sa suspension et va donc perdre 7,6 millions de dollars. Son indisponibilité le rendra aussi inéligible pour le lucratif All-Star Game. Ja Morant, dans un nouveau communiqué, a présenté ses excuses :
« Je suis désolé pour le tort que j’ai causé. Aux enfants qui me regardent, je suis désolé de vous avoir déçus en tant que modèle. Je vous promets que je vais m’améliorer. À tous mes sponsors, je serai un meilleur représentant pour nos marques. Et pour tous mes fans, je vais me rattraper, je le promets. (…) J’espère que vous me donnerez une chance de vous prouver que je suis un homme meilleur que ce que j’ai pu vous montrer. »
La NBA, terreau de controverses en série
Le Rookie (Meilleur débutant) de l’année 2020, meneur ultra athlétique et explosif habitué à délivrer des actions impressionnantes, accumule les frasques. Outre son attrait pour les armes, Ja Morant est aussi accusé d’avoir frappé un adolescent de 17 ans à l’été 2022, lors d’un match d’exhibition. Le basketteur enchaîne tous les couacs que la NBA veut, justement, éviter à tout prix.
Dans un pays où le droit de posséder des armes est défendu à tout prix par les partisans du IIe amendement de la Constitution et par l’influent lobby National Rifle Association, la sévérité de la NBA peut sembler surprenante. Mais elle s’inscrit dans cette volonté de présenter un visage respectable et sans accroc après des dernières années marquées par des faits extra-sportifs dommageables.
En 2019, alors que la répression était rude à Hong Kong, la NBA avait froissé la Chine en prenant position pour les manifestants ; en réponse, Pékin avait rompu ses contrats commerciaux d’envergure avec la ligue. Le pays a ensuite empêché la diffusion des matches pendant près de deux ans.
Après la mort de George Floyd, de nombreux joueurs de NBA ont pris part à l’émergence du mouvement Black Lives Matter et organisé une grève qui fit beaucoup parler. Donald Trump, alors président des États-Unis, avait qualifié la NBA d’ « organisation politique ». L’ex-chef d’État continue depuis d’échanger des amabilités avec la superstar LeBron James, lequel lui est farouchement opposé.
En 2021, c’est la question du vaccin contre le Covid-19 qui a semé le trouble. La NBA et certains Etats exigeant un schéma vaccinal complet, quelques joueurs se sont retrouvés mis à l’écart, à commencer par le célèbre Kyrie Irving, alors joueur de Brooklyn Nets (une franchise new-yorkaise). Ce dernier a aussi provoqué la controverse en relayant des discours antisémites et complotistes.
Avec Ja Morant, la NBA doit gérer un autre problème. Et l’exercice est délicat pour Adam Silver, contraint de faire preuve de fermeté contre une tête d’affiche.
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