Au village, situé dans le quartier Etoudi à Yaoundé, la capitale du Cameroun, certains jeunes s’entraînent gratuitement, d’autres paient un abonnement mensuel.
Une diversité à l’image du lieu : le complexe hôtelier, planté dans un décor de carte postale avec ses jardins verdoyants, sa fontaine de cascades et ses bungalows aux toits de paille, compte pas moins de trois courts de tennis, un terrain de pétanque, un terrain de basket, une piscine…
A la mort de son père en 2017, Yannick Noah a hérité de son titre de chef de village d’Etoudi et du country club où est installé le complexe. Redoutable homme d’affaires à la tête de plusieurs entreprises dans divers domaines (divertissement, immobilier, sport…), l’ancien vainqueur de Roland-Garros fourmille d’idées.
Développer le sport au Cameroun
En 2023, il est devenu président du conseil d’administration du Vent d’Etoudi, un club de football de deuxième division. « Je suis allé le voir en février car, pour soutenir un club de football, il faut avoir les moyens. Trente minutes plus tard, il était d’accord », se souvient le colonel à la retraite Akini Benoît, administrateur du Vent d’Etoudi.
Depuis, les choses s’accélèrent, affirme l’ancien militaire : les joueurs et les accompagnateurs ont désormais des équipements, le club a un siège et les travaux d’aménagement du stade ont débuté. Une infrastructure de 2 000 places environ qui permettra au club de générer des recettes. « C’est financé exclusivement par Yannick. Il a déjà déboursé 120 millions de Frans CFA », assure le colonel rencontré au stade, au milieu des joueurs et des ouvriers.
L’ambition du club est de signer un partenariat avec Le Coq sportif, l’équipementier historique de Yannick Noah, qui siège par ailleurs à son conseil d’administration. En 2022, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a rompu le contrat qui le liait à l’équipementier français. Depuis, les deux parties sont en justice.
« Je pense que Yannick a été touché par cette brusque rupture de contrat. Il s’était mobilisé pour faire signer Le Coq sportif à une époque où les Lions n’avaient pas de sponsor, rappelle l’un de ses proches. Vous savez, au-delà de ses affaires, Yannick veut vraiment développer le sport en général au Cameroun et le tennis en particulier. »
L’ex-champion a connu de nombreux déboires avec ses investissements, note la même source : il a perdu des millions de francs CFA dans un projet de construction d’un complexe sportif avorté, et a vécu une expérience similaire dans la construction des logements de luxe…
Au tennis club de Yaoundé, Michel Fondjo, 65 ans, ami d’enfance de Yannick Noah et actuel entraîneur de l’équipe nationale de tennis du Cameroun, partage le même avis. « Il offre des équipements, finance les jeunes joueurs comme la jeune pépite Uma Bogso, qui se trouve aujourd’hui dans l’un des plus grands centres de tennis de France », souligne l’ancien champion d’Afrique en double messieurs et double mixte. En outre, il habille « gratuitement depuis deux ans » tous les athlètes de l’Oyebog Tennis Academy avec les équipements du Coq sportif, précise Joseph Oyebog, premier joueur camerounais inscrit au classement ATP et promoteur du centre.
« J’ai connu Yannick quand il était tout petit. Il était talentueux. Quand on réussit comme lui, on peut rester dans son coin. Lui veut que les choses bougent », salue Joseph Otélé Atangana, considéré comme un des premiers entraîneurs de tennis du pays, qui a bien connu Yannick Noah. Le rêve de cet homme né en 1945 ? Que son ancien élève assiste à sa prise de médailles de travail prévue le 21 juin au lycée d’Ekounou, où il a longtemps officié comme surveillant avant de prendre sa retraite.
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