La myciculture, ou culture des champignons comestibles, développée depuis longtemps en Occident et surtout en Chine, de loin le premier producteur mondial, est encore très peu répandue en Afrique même si elle présente l’avantage de produire de la nourriture en recyclant des déchets propres et gratuits ou presque.
Les Camerounais en sont particulièrement friands mais doivent attendre la saison des pluies pour les ramasser dans la nature. A Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest et troisième ville du pays, de petits entrepreneurs y ont décelé un filon. Des milliers de pleurotes poussent dans une salle obscure de son Groupe d’Initiatives Communes baptisé GIC Champignon, lancé avec des associés il y a quatre ans à Bafoussam. Ils sont cultivés par rangées en étagères sur des déchets agricoles conditionnés dans des sachets en plastique.
Là, le kilo est vendu 2 000 francs CFA (3 euros), quand il coûte jusqu’à 3 500 FCFA à Yaoundé, la capitale, ou Douala la capitale économique. Difficile de se faire une idée de l’étendue et du poids de la filière car il n’existe pas de données officielles nationales sur cette production et sa consommation. D’incessants va-et-vient rythment la vie du GIC Champignon. Dans une petite pièce, deux jeunes stagiaires remuent à la pelle un tas de résidus agricoles.
Tous les trois mois, durée d’une campagne de culture, ce GIC de Bafoussam produit 300 à 400 kg de champignons dont 80% sont vendus directement aux consommateurs et le reste transformé en huiles corporelles ou pour cheveux, en savon, en jus et même en une liqueur que Jean-Claude Youbi présente comme du « whisky de champignon ».
Dans un petit laboratoire de son GIC, il broie une partie de la récolte dans un mixeur pour obtenir un jus qui sera associé à d’autres éléments pour ces produits dérivés.
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