Ismael Nanfo Diaby a suscité la controverse dans son pays, la République de Guinée. L’homme de 48 ans prie d’une façon singulière, il récite les versets du Coran dans sa langue maternelle, le malinké. « La raison pour laquelle je veux faire la prière islamique en malinké c’est parce que c’est ma langue, celle que je comprends beaucoup plus que l’arabe », explique-t-il.
Selon lui, chacun doit prier dans la langue qu’il comprend le mieux. Par conséquent, pas question pour Nanfo Diaby d’effectuer la prière islamique dans une langue qu’il ne comprend guère. « Je sais que Dieu est le Seigneur qui comprend toutes les langues », déclare-t-il. « Je n’ai lu nulle part dans le Coran que l’on doit prier uniquement en arabe. Je n’ai pas lu non plus où on dit que quand on prie dans une langue autre que l’arabe, la prière n’est pas valide », argumente-t-il.
Cependant, cet acte de Nanfo Diaby n’est pas du goût de tout le monde. En effet, il est considéré par les musulmans orthodoxes comme un perturbateur. Son obstination a créé des troubles dans sa ville à Kakan et défrayé la chronique dans le pays. Les pourfendeurs d’Ismael Nanfo Diaby ont essayé de l’empêcher d’effectuer sa prière en Malinké. Sa mosquée a d’ailleurs été détruite. M. Diaby a été envoyé en prison pour trouble à l’ordre public et interdit de prêche en public. Il continue cependant à diriger la prière musulmane chez lui, dans sa maison.
Apprendre le Coran grâce à l’écriture Nko
Contrairement à son père qui était un lettré en arabe, Nanfo Diaby a appris le Coran grâce à l’écriture Nko. Le Nko est un alphabet créé par le Guinéen Solomana Kanté afin d’avoir un système de transcription plus adapté aux sonorités, aux nuances et tonalités des langues mandingues. « Je ne sais ni lire ni écrire en arabe. Mon père avait commencé à me l’apprendre mais je n’ai pas continué », se souvient-il.
Il a également refusé de continuer sa scolarisation à l’école en raison de son refus de suivre les cours en français. Constatant le caractère récalcitrant de son fils, le père de Nanfo Diaby décide de l’envoyer à Kankan chez son oncle. C’est là-bas que le jeune Nanfo découvre l’alphabet Nko. Son oncle l’y initie et aujourd’hui, Ismael Nanfo Diaby perpétue l’enseignement de ce système de transcription.
Un séjour carcéral mis au profit de l’écriture
Ismael Nanfo Diaby affirme avoir eu beaucoup de partisans en prison durant son séjour carcéral. Il y a d’ailleurs dirigé la prière en malinké selon lui.
Il a déclaré avoir profité de son emprisonnement pour écrire notamment sur comment effectuer la prière en malinké. Son livre est entièrement rédigé en Nko.
« Aujourd’hui j’ai une école dans laquelle je dispense des cours de Nko. Je ne me limite pas à la religion », révèle-t-il.
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