En assemblant des claviers de téléphones portables abandonnés pour en faire de l’art, l’artiste ivoirien Mounou Desire Koffi espère sensibiliser le public à la pollution. Après sa formation au Lycée d’enseignement artistique d’Abidjan avant de décrocher une licence aux Beaux-Arts le jeune artiste trouve son style très rapidement et se démarque des autres artistes.
« Je voulais apporter quelque chose de nouveau», a déclaré l’artiste, dont le travail est exposé à Abidjan jusqu’en juillet. Dans son atelier de Bingerville, près de la capitale économique ivoirienne, le jeune homme de 28 ans se décrit comme un jeune artiste contemporain qui veut se démarquer. « Je suis passionné par le dessin depuis l’enfance. C’est toujours moi que le professeur envoyait au tableau pour illustrer les cours », dit-il.
Lorsqu’il a décidé qu’il voulait aller à l’école d’art, ses parents, qui travaillaient comme agriculteurs dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, n’avaient aucune idée de ce que c’était. Son professeur d’art a dû leur rendre visite pour les persuader de le laisser partir. Diplômé major de sa promotion à l’école des Beaux-Arts d’Abidjan, il se lance à la recherche de vieux claviers et écrans de téléphones portables sur les bords des routes, dans les caniveaux et dans les décharges.
L’artiste utilise les pièces détachées de téléphones pour résoudre un problème
Dans son atelier, quelqu’un a déposé des sacs remplis de pièces détachées de téléphones portables. Koffi plonge dans une pile de claviers et d’écrans pour trouver ceux dont il a besoin. En les plaçant côte à côte sur la toile, il crée des silhouettes humaines colorées en milieu urbain. Certaines de ses œuvres se vendent jusqu’à 1 500 dollars.
Il dit que le but est d’essayer de « résoudre un problème » dans un pays où le tri des ordures est quasi inexistant, et où la plupart des déchets ménagers finissent en tas dans la rue. L’artiste, qui avait exposé ses œuvres au Maroc, en Belgique et en France, affirme que ses œuvres cherchent à susciter une réflexion sur les déchets.
Soucieux de refléter les débats actuels, Koffi a dépeint dans ses toiles la pollution, mais aussi les inondations, les embouteillages et les enfants soldats. Une de ses dernières séries, intitulée « La vie ici », raconte la vie quotidienne à Abidjan.
Après une première exposition dans la ville côtière de Bassam, son travail est désormais présenté jusqu’en juillet à la Fondation Donwahi de la capitale. Mounou Désiré Koffi surprend par la finesse de ses compositions, où se juxtaposent les différents claviers de téléphone peints. L’artiste fait pétiller les regards, il fait ressortir les détails d’un visage comme la sueur sur un front et il saisit les contrastes des couleurs des voitures dans un embouteillage.
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