Qui n’a jamais entendu parler de la musique des années 80 en Afrique ? Pour beaucoup, c’était le bel âge, l’époque d’or de la musique africaine qui faisait son entrée dans le monde avec des artistes jusque-là inconnu par le public mondiale. Un peu partout sur le continent et même au-delà, la culture africaine à travers sa musique racontait l’histoire des peuples avec leurs joies et leurs souffrances. Des artistes comme Féla Kuti, Angélique Kidjo, Salif Keita, youssou Ndour, Papa Wemba, Mory Kanté, Tabu Ley, Johny Clegg etc., pour ne citer que ceux-là ont porté chacun avec son style les couleurs de leur pays.
Petit à petit, la notoriété des artistes montent en flèche. Certains d’entre eux défendent même des idéologies qui vont au-delà de l’aspect culturel. Des artistes comme Féla continuaient de mener le combat anticolonial. Au début, les artistes étaient portées par de petites structures, indépendantes des filières habituelles du show-biz, animées par des acteurs engagés en faveur de la reconnaissance culturelle de ces artistes et des droits qui devraient s’appliquer dans les territoires européens envers les populations qu’ils représentent. Le président guinéen, qui a investi massivement au nom de l’Etat dans la culture et notamment dans les orchestres, lance un concours national de chant-mémorial, qui soit « une dédicace aux héros pour leur lutte contre l’envahisseur colonial ».
Un univers de métissage riche en sonorité et en couleurs
Les sonorités africaines se mélangent à celles occidentales et créent ainsi un univers de métissage riche en sonorité et en couleurs. Les artistes africains qui s’installent à Paris dans les années 1980 ne sont pas débutants. Ils ont déjà fait preuve de leurs talents devant des foules africaines, dans leurs pays d’origine et bien au-delà, menant de solides carrières. En arrivant sur la scène européenne, ils apportent la conception de formes musicales rodées par la tradition orale, des idées pour les traiter, ainsi qu’un savoir-faire magistral. Leurs échanges avec des musiciens habitués des scènes européennes permettent l’introduction d’instruments numériques, synthétiseurs, échantillonneurs, dans de nouvelles créations métissées. Un phénomène amplifié par le travail dans les studios de Londres, Paris ou Bruxelles, qui disposent d’un matériel en phase avec l’évolution technologique.
Que reste-t-il de cet héritage ?
La nouvelle génération de musiciens africains s’inspire pour la plupart des anciens. C’est l’exemple du papa de l’afrotrap Féla Kuti dont les œuvres continuent d’inspirer plus d’une génération d’artistes africains et d’origines africaines. Au Nigéria, Burna Boy, Wizkid ainsi que Davido sont considérés comme les héritiers de ce style musicale. Même si le premier n’hésite pas à clamer haut et fort son amour pour Féla. Aujourd’hui la musique africaine s’exporte un peu partout dans le monde. Les maisons de disques commencent à s’intéresser davantage à cette sonorité qui est un mélange de plusieurs instruments et de couleurs tropicales. Les artistes osent de plus en plus et prennent des initiatives en montrant l’Afrique sous ses plus belles couleurs. En Tanzanie, au Sénégal, au Mali, en Guinée, un nouvel espoir est né avec des talents qui n’hésitent pas à porter leur voix pour des causes qui leur tiennent à cœur.
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