Le solaire se lève en Afrique. C’est plus qu’un jeu de mots. C’est une réalité. Longtemps dépendants des énergies fossiles comme le pétrole et le charbon, les pays africains ont décidé d’emprunter la voie de la transition énergétique. Un virage stratégique matérialisé par le lancement de nombreux projets solaires, éoliens, hydrauliques et géothermiques.
La Namibie, un petit Etat qui voit grand
Commençons par l’Afrique australe. Dans cette partie septentrionale du continent, la Namibie, petit Etat de plus de 2 millions d’habitants, voit grand. Windhoek (sa capitale) qui importe plus de 60 % de l’électricité qu’elle consomme, notamment d’Afrique du Sud, souhaite changer de paradigme. Le pays construit actuellement des centrales solaires de 5 GW, en partenariat avec l’initiative américaine Power Africa.
Début novembre 2022, l’Etat namibien a annoncé le lancement des travaux de la première centrale solaire-hydrogène d’Afrique à partir du premier trimestre de 2023. Cette infrastructure de 90 MW, qui sera construite par le producteur d’énergie indépendant français HDF Energy, nécessitera un investissement d’environ 170 millions de dollars.
Des projets qui s’ajouteront à ceux déjà existants, comme sa première centrale solaire photovoltaïque inaugurée en juin 2019, et les cinq centrales solaires d’une capacité de 25 MW en cours de développement par la municipalité de Windhoek. L’ambition de la Namibie: porter à 70 % la part énergies renouvelables dans son mix-énergétique d’ici 2030. Un objectif atteignable dans un pays où le soleil brille en moyenne 10 heures par jour.
L’Ethiopie au cœur d’une politique verte
L’Ethiopie est un cas d’école. Aujourd’hui, plus de 95 % de sa production d’électricité proviennent de ses installations hydrauliques. Elle figure d’ailleurs parmi les pays dont le renouvelable représente plus de 90 % de du mix-énergétique. Un résultat, fruit d’une ambitieuse politique verte initiée par Addis-Abeba depuis plus d’une décennie.
Parallèlement, l’Ethiopie est en train de finaliser la construction du barrage hydroélectrique de Grand Renaissance sur le Nil. Ce gigantesque ouvrage d’un investissement de 4,8 milliards de dollars, dont les travaux ont démarré en 2011, est achevé à 90 %. Une fois opérationnel, cette infrastructure aura une capacité de production de 6448 mégawatts (MW). Ce qui devrait permettre à l’Ethiopie d’être l’un des principaux exportateurs d’électricité de la sous-région.
Le Kenya, leader de la géothermie
Glissons dans la corne de l’Afrique pour nous intéresser à une success-story: le Kenya. Le parc énergétique de Nairobi est constitué à 90 % de renouvelables. Une performance obtenue notamment grâce aux contributions de la centrale éolienne de Turkana (300 MW), l’un des plus grands parcs éoliens en Afrique, et des centrales solaires, dont celle de Garissa (55 MW) qui alimente plus de 600.000 foyers.
La première, installée dans le plus vaste lac en milieu désertique au monde, a permis au pays de presque quintupler sa production éolienne annuelle qui est passée de 375,6 gigawatts heure (GWh) à 1562,7 GWh. Tandis que celle des complexes solaires a atteint 92,3 GWh par an, contre 13,7 GWh auparavant. Le pays des Safaris en est le premier producteur en Afrique et le neuvième au monde.
Le Maroc, le solaire se lève au nord
Bien évidemment, l’on ne saurait évoquer les énergies propres en Afrique sans évoquer l’expérience du Maroc, un des leaders sur le continent, qui a atteint 3.727 MW de capacité de production en 2023. L’éolien (1471 MW), l’hydroélectrique (1770 MW), et le solaire (858 MW) y ont fortement contribué. L’objectif du Royaume: porter la part de ces énergies à 52 % dans son mix-énergétique d’ici 2030.
Les autres qui se mettent aussi au vert
L’Afrique du Sud (10.445 MW), l’Egypte avec ses 6.322 MW et l’Angola (4078 MW), sont des cas inspirants. Luanda et le Caire qui ambitionnent de produire respectivement 80 % et 50 % de leur électricité à partir de cette énergie verte d’ici 2025 et 2040. Le Nigéria, le Rwanda, les Seychelles, le Sénégal, le Burkina, Maurice, ou encore le Cap-Vert, se mettent aussi au vert. Une liste qui est loin d’être exhaustive.
Aujourd’hui, les énergies renouvelables pourraient constituer un catalyseur de croissance pour l’Afrique qui pourrait connaitre une augmentation moyenne de 6,4 % de son PIB entre 2021 et 2050 grâce à la transition énergétique. Les pays africains pourraient également créer jusqu’à 14 millions d’emplois dans ce secteur d’ici 2030.
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