Dans son œuvre et sa vie, Tupac a incarné le personnage du thug violent ou du militant de la cause afro-américaine. Mais dans certains morceaux le rappeur exprime aussi son vécu sentimental. Pacifique et hardcore, gangster et militant, féministe et machiste, Tupac est de toutes les fresques et les nuances de ses crayons paraissent sans fin.

« Dear Mama » est une déclaration d’amour à sa mère, en contrepoint à la violence qui irrigue nombre de ses morceaux. Il s’adresse directement à Afeni Shakur et lui pardonne tout, quitte à ternir son image de gangster. Aujourd’hui encore, la chanson est reconnue comme une des plus émouvantes de sa discographie.
Voici toute l’histoire qui se cache derrière ce chef-d’œuvre
En 1971, quelques jours après être libérée de prison, une mère black panther donne naissance à son premier fils. Comme prénom, elle opte pour celui du dernier prince Inca quechua dont la résistance farouche contre les conquistadores marque l’histoire de la colonisation espagnole. Tupac Amaru Shakur, deviendra le rappeur mythique que l’on connaît.
« Dear mama » est un hymne à la tendresse des mères et un récit de la misère dans les ghettos américains. Tupac chante l’attachement à celle qui lui a donné la vie et par là il se raconte : les bêtises de l’enfance, la pauvreté et le fléau de drogue, mais aussi l’amour filial à la fois inconditionnel et nourri par les belles et sombres années de vie commune. Sans l’accabler et bien au contraire, il revient sur les temps difficiles, notamment l’addiction au crack de sa mère.

C’est toujours sa reconnaissance infinie qu’il finit par exprimer. Avec Afeni, les attentions du quotidien pour vaincre la misère étaient des exploits : “And mama made miracles every Thanksgiving” (« Maman faisait des miracles à chaque Thanksgiving »). Ce morceau est une lettre ouverte qui s’adresse non seulement à sa mère mais aussi à toutes les familles du ghetto auxquelles il souhaite donner espoir. Comme Nas avec « I Can » et Notorious B.I.G. avec « Sky’s The Limit », Tupac se pose en leader moral de la jeunesse du ghetto et représentant de ses réalités.
En cela, « Dear Mama » est aussi un échappatoire aux difficultés du ghetto : la guerre des gangs, les taux de chômage et d’incarcération élevés, l’épidémie du crack, le déclin du système de santé publique…
Commentaires