Du Kenya au Rwanda en passant par le Togo, le Maroc et l’Egypte, le Sénégal Vudaf vous propose une sélection de dix morceaux qui ont secoué la planète rap africaine au cours du premier trimestre 2022.
1. Small X – « Price »
On commence très fort notre tour avec Small X. Le rappeur marocain s’est fait connaître au sein du duo Shayfeen. L’an dernier, il a pris son envol en solo en sortant l’album Phoenix. Il vient de marquer le mois de mars avec la sortie de « Price », un titre avec un côté old school. Pour le clip en noir et blanc, on y voit des jeunes, avec des cordes de pendu autour du cou, monter dans un camion sur lequel on retrouve le logo de l’artiste qui figurait sur la pochette de Phoenix. Ce nouveau single a évidemment plu à un large public et la vidéo a rapidement dépassé le million de vues sur YouTube.
2. Mc Artisan feat. Didine Canon 16 – « Glock »
On reste au Maghreb. Le titre de drill intitulé « Glock » qui réunit les rappeurs Mc Artisan et Didine Canon 16 est en train de battre tous les records. Le clip du morceau, sorti début mars, a dépassé les 20 millions de vues en trois semaines. Pas étonnant quand on connaît la popularité de ces deux artistes en Algérie. Mc Artisan est un rappeur âgé de 33 ans et originaire de Souk-Ahras, dans l’est du pays. De son côté, Didine Canon 16 est un rappeur et acteur très connu grâce en partie à la dimension politique et sociale de ses textes. Ce qui fait aussi le succès de cette rencontre au sommet, c’est le refrain imparable de « Glock ». On vous prévient, vous allez l’avoir dans la tête pour un moment !
3. Black Hoodie Club – « TGV »
On part maintenant en direction de Tunis à la rencontre d’un nouveau crew qui fait beaucoup parler de lui depuis un an. Le Black Hoodie Club rassemble les rappeurs 4lfa, Ta9chira, Brotherhood et le producteur Johnsix. Ce collectif a sorti l’an dernier un premier album intitulé Rise of a Gang avec un beau succès. Le morceau « TGV » est un titre de drill expérimentale sur lequel on retrouve 4lfa, Brotherhood et Ta9chira. Si vous ne connaissez pas encore le rap tunisien, le Black Hoodie Club, c’est la meilleure porte d’entrée pour le découvrir.
4. Marwan Pablo « Barbary »
L’Égypte rayonne aussi depuis quelques années grâce à sa trap futuriste et vaporeuse. Marwan Pablo est l’un des principaux représentants de cette scène. Après un an de silence suite à la sortie de l’EP CTRL, le rappeur d’Alexandrie est de retour avec « Barbary ». Sur une production qui reprend des éléments rythmiques de la musique populaire égyptienne « mahraganat », le rappeur parle de son statut de leader du rap égyptien et se compare à un barbare dans une arène.
5. Big Yasa feat. Kombat – « Mazza »
À Nairobi, les rappeurs mélangent à merveille l’argot baptisé « sheng » aux codes britanniques de la drill, dans le sillage du groupe Buruklyn Boyz. Parmi ceux-là, on trouve Big Yasa, un rappeur de 21 ans, membre du crew Madclan et qui vient de Kibera, le gigantesque ghetto qui borde la capitale. Depuis un an, sa cote de popularité ne cesse de croître grâce à des titres en solo (« Cold ») ou en bande, avec les Buruklyn Boyz ( « Bad Boyz Club ») ou le Spoiler Gang ( « Smart Kwa Street »). Pour son dernier single, « Mazza », Big Yasa s’est associé au rappeur portugais Kombatwa. Une collaboration internationale en somme.
6. Bushali – « Kivuruga »
Au Rwanda, les rappeurs mélangent la poésie de la langue kinyarwanda aux sonorités de la trap, et ça donne le genre qu’on appelle la kinyatrap. Les principaux représentants de cette scène sont Ish Kevin, B-Threy ou encore Bushali. Ce dernier est l’un des pionniers de ce mouvement à Kigali, et a sorti en 2021 l’EP Kivuruga, dans lequel il évoque avec vulnérabilité les challenges personnels qu’il rencontre en évoluant dans l’industrie musicale en tant que rappeur, mais aussi les difficultés que subissent les jeunes de son pays. Le morceau intitulé « Kivuruga », qui ouvre l’EP, s’inscrit dans ce que l’on pourrait qualifier de « kinyadrill ». Bushali y parle des héros du quotidien. À l’image des paroles, le clip a été tourné au milieu de la jeunesse et de travailleurs qui taillent la canne à sucre ou recyclent des pneus en caoutchouc.
7. Dope Saint Jude – « Home »
Catherine Saint Jude Pretorius alias Dope Saint Jude est originaire de Cape Town. Après avoir étudié les sciences politiques et fondé en 2011 le premier collectif drag-king d’Afrique du Sud, cette militante féministe a étudié la production sonore et sorti son premier projet solo Reimagine en 2016. Son deuxième EP, Resilient, sorti en 2018 et enregistré à Londres, avait été l’occasion pour elle d’aborder des thèmes comme l’égalité sociale, raciale et sexuelle. « Home » est le premier single de Higher Self, son prochain EP à venir, un projet introspectif écrit en pleine pandémie à Londres. Le clip questionne le corps de la femme -en l’occurrence de deux femmes- dans le monde de l’image, et célèbre le couple que la rappeuse forme avec sa femme Roxanne. La couleur rouge qui évoque la passion est très présente, et le stylisme de la vidéo s’inspire en partie de l’esthétique BDSM.
8. Sory L’Officier – « Poco A Poko »
En février dernier, les Lions de la Teranga ont remporté pour la première fois la Coupe d’Afrique des nations de football. Mais est-ce que le Sénégal est aussi le champion du continent au niveau du rap ? C’est bien probable. En tout cas, c’est le pays africain qui a su le mieux s’approprier la nouvelle tendance du hip-hop, la drill, en y ajoutant des percussions traditionnelles comme le tambour dit tama, en la mélangeant au mbalax national et en s’inspirant des différentes cultures sénégalaises. Le crew emblématique de ce nouveau mouvement, c’est le Akatsuki SN, originaire du quartier des Parcelles Assainies à Dakar. Ses membres (Talla BTB, LMN Xél Niar, Xhalil, et Sory L’Officier) ont conquis le public sénégalais grâce au tube « Weredi » et à l’album P.A. Universal. Dans le clip qui a été tourné avec les enfants de son quartier, il a choisi la couleur orange et la nature ondoyante de ces fibres créent un vrai choc visuel.
9. Ghettovi feat. Writing Écriture – « Chapeau noir »
Au Togo aussi, la drill fait du bruit à travers une nouvelle génération d’artistes (Folidjanta, Beatpovelo, Lomérica Gang ou Conii Gangster) qui s’est emparé de ce nouveau son. De son côté, Ghettovi se met lui aussi à la drill mais il n’est pas né de la dernière pluie. Âgé de 33 ans et originaire d’Atakpamé, il est l’un des meilleurs rappeurs du pays. Il rappe en langue mina et a su s’’imposer dans un style hardcore. Il se surnomme le « Vodou King ». Le titre fait référence à un film nigérian dans lequel si le chapeau se pose sur ta tête, c’est ta fin qui a sonné. Le morceau commence par une incantation et Ghettovi évoque entre autres le dieu du tonnerre et l’esprit de la mer. Dans le clip tourné dans un petit village appelé Dikame, on assiste à une cérémonie vaudou.
10. Pappy Kojo feat. O’Kenneth et Reggie – « Koobi »
La scène rap et drill de la ville de Kumasi est en pleine explosion depuis un peu plus d’un an avec des figures comme Jay Bahd, Yaw Tog, et plus récemment Black Sherif. Pour sa part, Pappy Kojo, originaire de la ville côtière de Takoradi, s’est fait un nom en tant que rappeur et amuseur au Ghana dès 2014 et a sorti Logos 2, son premier album l’an dernier. « Koobi » est un extrait de son du nouvel EP Logos Hope. Ce titre est le nom d’un plat ghanéen de poisson séché et salé, mais il s’agit très vraisemblablement ici d’une métaphore pour le cannabis. Pour ce morceau, celui que l’on surnomme Fante Van Damme a invité les rappeurs O’Kenneth et Reggie, deux des éléments les plus chauds.
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